Alsace

Astronomie : de nouvelles étoiles pour Strasbourg


L'Observatoire de Strasbourg est doublement à l'honneur ces jours-ci. Avec la découverte de nouvelles étoiles permettant peut-être de résoudre l'énigme de la matière noire de l'univers. Et avec le choix du Centre de données astronomiques de Strasbourg (CDS) comme site d'accès aux données recueillies par l'observatoire ultraviolet IUE.
Ce sont deux minuscules étoiles de faible luminosité, à une centaine d'années-lumière de notre soleil, qui ouvrent une piste intéressante pour la traque de la mystérieuse matière noire. Elles ont été découvertes par une équipe d'astronomes européens, parmi lesquels Olivier Bienaymé de l'Observatoire de Strasbourg, à l'aide du télescope de 3,6 m de l'Observatoire européen de l'hémisphère austral (ESO), installé au Chili.  Les deux étoiles sont des « naines blanches », c'est-à-dire des résidus d'étoiles qui se sont effondrées en fin de vie. Dans ces objets étranges, extrêmement denses, la matière de tout un soleil se trouve comprimée dans un volume comparable à celui de la terre, avec une température à la surface voisine de 10 000º. Après ce stade final, la naine se refroidira lentement pour devenir, au bout de milliards d'années, une « naine noire », invisible. Du fait de leur petite taille, les naines blanches ne sont observables qu'à proximité du Soleil, à quelques dizaines d'années-lumière.  Or, la température des deux étoiles récemment découvertes ne serait que de 3000 à 4000º (contre 6000º pour le Soleil). Leur luminosité n'atteint que la 20e magnitude, elles sont donc des millions de fois moins brillantes que Sirius, l'étoile la plus lumineuse. En revanche, elles sont animées d'une grande vitesse de 200 à 300 km/sec ce qui signifie qu'elles se déplacent dans le halo de notre Galaxie, la vaste sphère qui englobe le disque galactique en forme de spirale plutôt aplatie. C'est dans ce halo que se situent les amas stellaires globulaires, concentrations spectaculaires de très vieilles étoiles.  L'étude des deux nouvelles étoiles révèle d'ailleurs qu'il s'agit d'objets très anciens, vieux de 10 à 12 milliards d'années (deux fois plus vieux que notre Soleil), vestiges des origines de l'univers qui, d'après les observations du télescope spatial Hubble, serait âgé de 12 milliards d'années. L'existence d'une population importante de tels objets faibles permettrait d'expliquer (en partie du moins) l'existence de la matière noire, sombre ou invisible qui constitue, selon les astronomes, 90% de la matière de l'univers.

Une mission pour le CDS

 Le Centre de données astronomiques de Strasbourg (CDS) (*) qui est impliqué dans la plupart des opérations d'astronomie spatiale et qui gère la banque de données SIMBAD, contenant près de 3 millions d'objets, vient d'être chargé d'une nouvelle mission. Il a été choisi comme site national pour accéder aux données recueillies par le satellite IUE (International Ultraviolet Explorer), collectées dans les archives INES (IUE Newly Extracted Spectra), réalisées par l'Agence Spatiale Européenne (ESA).  Le satellite IUE lancé en 1976 a observé pendant un temps record de 18 ans le rayonnement ultraviolet du ciel. Il a pris plus de 100.000 spectres de plus de 11.000 objets astronomiques, observant, entre autre, des galaxies actives, des supernovae et les mystérieux quasars aux confins de l'univers. Toute cette mine d'informations qui a déjà donné lieu à la publication de plus 3600 articles scientifiques dera désormais accessible à Strasbourg.
W. B.
(*) Pour en savoir plus : http// :cdsweb.u-strasbg.fr/
© Dernières Nouvelles D'Alsace, Mercredi 10 Mai 2000.